L’Inter-LGBT appelle à manifester le 8 mars 2015

Pour le 8 mars 2015, Journée internationale de luttes pour les droits des femmes, l’Inter-LGBT appelle à rejoindre les manifestations qui auront lieu en France et partout dans le monde. Nous dénonçons l’oppression et les violences dont sont victimes les femmes et les doubles voire triples discriminations rencontrées par les femmes lesbiennes, bisexuelles et trans dans toutes les régions du monde en raison de leur genre et de leur orientation sexuelle et/ou transidentité.

A l’international, les femmes lesbiennes, bisexuelles et trans sont menacées de mort

Les violences envers les lesbiennes et les bisexuelles concernent toutes les régions du monde . Chaque jour des lesbiennes et des bisexuelles subissent exécutions, emprisonnements, tortures, viols correctifs, mariages forcés,… Violences physiques et psychologiques auxquelles se rajoutent les violences institutionnelles : les relations lesbiennes sont illégales dans 50 pays sur 193 à l’ONU, seuls 14 pays autorisent le mariage aux couples de même sexe et 15 autorisent l’adoption conjointe aux couples de même sexe . Quant aux femmes trans, qu’elles soient hétérosexuelles ou lesbiennes, elles sont des centaines à être assassinées ou poussées au suicide chaque année et subissent de graves discriminations de la part de nombreux états : impossibilité de changer d’état civil, de se marier, procédures médicales abusives…

Mais la France, est-elle elle-même un modèle ?

Droit à disposer de son corps : IVG / PMA

La France doit aussi balayer devant sa porte. Aujourd’hui encore s’opère un véritable contrôle du corps des femmes dans notre pays. Autant pour l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), que pour celui à la procréation médicalement assistée (PMA). Si c’est d’une manière insidieuse que le droit à l’avortement libre et gratuit est mis en danger en France (avec la fermeture de 5% des établissements publics et de 48% des établissements privés pratiquant l’IVG au cours de ces dix dernières années ), la PMA n’est quant à elle toujours pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Cette interdiction est non seulement une discrimination faite aux femmes qui ne sont pas en couple avec un homme, mais aussi une entrave au droit à disposer de son propre corps. Les mères non biologiques, dites « sociales » sont quant à elles considérées comme des sous-citoyennes. A la différence des couples hétérosexuels ayant recours à la PMA, où le parent non biologique est automatiquement considéré comme parent dès les prémices du projet parental, donc avant même la naissance de ses enfants par PMA, la mère sociale n’a quant à elle, aucun droit sur ses enfants. Elle doit ensuite adopter son propre enfant ! Une procédure judiciaire longue et humiliante lui est imposée, pendant laquelle la mère est considérée comme une inconnue par l’État : si un problème survient (enfant à l’hôpital ou décès de sa partenaire), elle n’aura aucun droit sur ses enfants car son autorité parentale n’est pas reconnue devant la loi. Nous demandons ainsi l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et une filiation fondée sur l’engagement parental permettant ainsi d’établir la filiation des enfants dès la naissance sans passer par une procédure judiciaire.

Droit à la santé : Gynécologie et lesbophobie

Dans le domaine de la santé, les inégalités dans l’accès aux soins des femmes lesbiennes et bisexuelles sont également révoltantes. Les préjugés lesbophobes ou biphobes et leurs stéréotypes associés (la sexualité entre femmes considérée comme une non-sexualité, refus de pratiquer des dépistages et des examens gynécologiques, etc.) engendrent des discriminations et des violences à l’encontre des lesbiennes et des bisexuelles. Ainsi, 38% des lesbiennes ont rencontré des problèmes dans l’accès aux soins . Il est frappant de voir que près de la moitié des cas de lesbophobie dans le domaine de la santé concernent les gynécologues . Mais comment, d’une part, sensibiliser les lesbiennes et les bisexuelles à consulter un-e gynécologue si ensuite elles subissent de la lesbophobie et de la biphobie de leur part ? Ce n’est pas anodin si 1 lesbienne sur 3 ne communique jamais son orientation sexuelle à un-e médecin … Il est donc urgent de mettre en œuvre un plan global sur la santé des FSF (femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes), avec un volet santé sexuelle, comportant une formation des professionnel-le-s de santé en particulier des gynécologues, pour lutter contre les problèmes d’accès aux soins. Marisol Touraine, Ministre des droits des femmes et de la santé, semble la mieux placée pour lancer ce chantier.

L’Inter-LGBT continue plus que jamais son combat pour la PMA et la filiation pour toutes ainsi que pour l’accès aux soins de toutes les femmes, en particulier dans le domaine de la gynécologie. L’Inter-LGBT appelle à manifester partout en France et dans le monde lors de ce 8 mars, Journée internationale de luttes pour les droits de toutes les femmes.

1 Sondage INPES/YAGG – 2011 2 Rapport de l’ONU sur lois et pratiques discriminatoires et les actes de violences envers les individus à cause de leur orientation sexuelle ou identité de genre- 2011 3 State sponsored homophobia, Rapport ILGA Wordl -2014 4 Trans murder monitoring project : www.transrespect-transphobia.org 5 Soit plus de 130 établissements au total en raison des politiques d’austérité – Rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes relatif à l’accès à l’IVG dans les territoires – 07/11/2013. 6 Enquête LGBT de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux de 2013 – Chiffres pour la France 7 Enquête Lesbophobie SOS Homophobie 2008 8 Enquête LGBT de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux de 2013 – Chiffres pour la France

Amandine MIGUEL, porte-parole de l’Inter-LGBT et déléguée en charge de la Visibilité Lesbienne

Arnaud GAUTHIER et Robert SIMON, porte-parole aux questions internationales