L’Inter-LGBT appelle à marcher pour la Justice et la Dignité

justice et dignité

Comme tout le monde, c’est avec grande émotion que nous avons appris le viol subi par Théo. En tant qu’association luttant contre les discriminations, cette actualité nous porte à prendre position fermement contre le racisme, ou toute forme de discrimination, et a condamner les abus de pouvoir commis quelques fois par certains policiers.

Cependant, une seule position de solidarité envers les victimes de racisme ne serait pas suffisante. Beaucoup de personnes LGBT sont elles-mêmes concernées par le racisme et, à ce titre subissent une double discrimination, voir triple lorsqu’il s’agit de femmes. Or, cette affaire démontre également un système d’oppression dans lequel s’imbriquent des dominations liées au genre et à la sexualité.

Que dire en effet des injonctions à la masculinité et à l’hétérosexualité faites aux jeunes hommes, habitants des banlieues ? Que dire des contrôles répétitifs et injustifiés ciblant certaines populations, et des pratiques humiliantes lors d’interactions avec les policiers, pourtant dénoncés. Que dire de l’insulte « salope » et de l’usage de la pénétration anale comme moyen d’humilier – toute caractéristique assimilée au féminin étant considérée comme une infériorité? Que dire des blagues entendues par un humoriste sur TF1 quelques jours après l’agression amalgamant viol et homosexualité ? Ces mots et ces actes, les personnes LGBT les connaissent très bien.

Par ailleurs, à cette occasion, nous voudrions rappeler les difficultés parfois rencontrées lorsque des femmes et personnes LGBT cherchent à porter plainte. Seul un quart des personnes LGB victimes d’agression ou de menaces ose porter plainte, et ce notamment par peur de réaction transphobe ou homophobe des forces de l’ordre[1]. L’expérience des travailleuses du sexe ou encore celle des femmes trans appelées « monsieur », masculinisées, et détenues avec des hommes sont des situations inadmissibles.

Les conséquences de l’affaire Théo sont désastreuses. Un seul incident de la part de quelques policiers détruit en quelques instants des années de travail de sensibilisation, et efface le travail de leurs collègues qui se mobilisent contre les discriminations. La surreprésentation des jeunes hommes issus de minorités visibles dans les contrôles de police, largement documentée, et les humiliations qui parfois accompagnent leur échanges avec les forces de l’ordre (propos dégradants, recours non justifié à des palpations) ne saurait permettre d’apaiser les tensions et redonner confiance en la république et ses agents[2]. En tant que citoyennes et citoyens, nous avons pourtant besoin d’une police exemplaire. Sans cette exemplarité, les victimes de violences et de discriminations ne peuvent pas avoir confiance dans l’institution censée les protéger, et se retrouvent plus démunies que jamais.

L’Inter-LGBT appelle à se mobiliser le dimanche 19 mars 14h à Nation pour une police et une justice exemplaire, et contre toute forme de discrimination.

 

[1] Enquête LGBT de l’Agence des droits fondamentaux de l’union européenne 2012, chiffres pour la France

[2] À ce sujet voir notamment l’avis de la CNCDH « Prévention des pratiques de contrôle d’identité discriminatoire et/ou abusive » adopté le 8 novembre 2016

 

Contact presse

Porte-parole : Clémence Zamora-Cruz – 06 78 19 05 31

presse@inter-lgbt.org – 07 71 08 68 45 / 06 86 76 67 14