TDOR 2019, LA TRANSPHOBIE TUE TOUJOURS, L’ÉTAT RESTE COMPLICE !

Le 20 novembre est la Journée Internationale du Souvenir Trans, à la mémoire des personnes victimes de transphobie (En anglais : Trans Day of Remembrance). Suite à l’assassinat de Rita Hester le 20 novembre 1998 à Boston, cette date est devenue partout dans le monde, un jour d’hommage à toutes les personnes qui ont perdu la vie parce que trans et/ou non-binaires, qui ont perdu la vie car victime de leur expression de genre.

Depuis le 1er octobre 2018, 370 décès de personnes trans ont été recensés dans le monde (dont 41 suicides et 2 décès en détention), soit un total de 3352 depuis janvier 2008[1]. En 2018 en France, 210 cas de transphobie ont été signalés à SOS Homophobie. Des chiffres bien en dessous de la réalité, la qualification de transphobie n’étant pas toujours prise en compte par les autorités, car les victimes ne sont pas forcément déclarées trans ou non-binaire, certaines victimes ne déclarant pas non plus leur agression.

Cette violence est aussi sociale et systémique. Ce sont les pertes d’emploi et le chômage, les difficultés pour se soigner, les stigmatisations permanentes dans chaque démarche du quotidien, la haine et le rejet trop souvent subis. Tout ceci favorise l’isolement, la dépression, la fragilité sociale et la précarité. Il n’est donc pas étonnant de constater que les personnes trans ont 10 fois plus de risques de se suicider que les personnes cisgenre[2]. Romy, qui a mis fin à ses jours le 6 juillet 2019 à Bordeaux, vient s’ajouter à la longue liste des victimes de la transphobie sociétale.

Cette situation alarmante rappelle à quel point les personnes trans peuvent être exclu·e·s des droits les plus fondamentaux comme la sécurité, la justice, l’accès aux soins, l’éducation, l’emploi, le logement. Les pays ne protègent que très peu les personnes trans, les lois les discriminent, la société patriarcale et binaire les rejette. Nous avons vu récemment avec la loi bioéthique les député·e·s exclurent les personnes trans de l’accès à la PMA, les obligeant à choisir entre faire sa transition ou fonder une famille. Une fois de plus droit, égalité et inclusivité ont été refusés à la population trans.

Sans oublier la discrimination d’État, comme le maintien d’une procédure judiciaire pour faire changer son marqueur de genre sur ses papiers, ou le refus de certaines CPAM de rembourser les traitements hormonaux. Mais c’est aussi la violence policière, la loi asile immigration et la diminution drastique des possibilités de demande d’asile et des conditions d’accès aux soins, les renvois dans leur pays d’origine des personnes séropositives, l’insécurité extrême des travailleur·se·s du sexe depuis la loi de pénalisation des clients. Toutes ces mesures précarisent, stigmatisent, humilient et condamnent toujours plus.

Et cela ne fait que se renforcer dans une période où les discours haineux et fascisants se multiplient appelant à la violence ouverte contre les personnes LGBTQI+ comme nous l’avons vu aux États-Unis, au Brésil, en Pologne, en Russie, en Ouganda et dans tellement de pays, où de trop nombreuses personnes trans sont victimes de violences et de meurtres. En France, ce discours de haine se propage et se banalise, et le nombre d’agressions est en perpétuelle augmentation, à quand le prochain drame ?

L’inter-LGBT tient à rendre hommage à toutes les victimes de la transphobie, dénoncer ces crimes intolérables et les inégalités subies par les personnes trans. Les régressions des droits, les discriminations institutionnalisées et l’augmentation des violences ne peuvent être ni acceptées, ni banalisées !

[1] https://transrespect.org/en/ statistiques récoltées par TMMP (Trans Murder Monitoring Project) de TGEU (Transgender Europe)

[2] HAAS Ann, RODGERS Philip et HERMAN Jody. Suicide attempts among transgener and gender non-conformin adults. American foundation for suicide prevention et The Williams Institute : 2014.