Urgence sanitaire : pénuries d’hormones, refus de délivrance des pharmacies, les personnes trans sont en danger !

L’administration de testostérone est indispensable pour les personnes transmasculines suivant un traitement hormonal. Aujourd’hui, elles font face à une pénurie récurrente d’hormones et un refus de certaines pharmacies de leur délivrer les stocks restants. Il est urgent d’agir, sinon les personnes trans sont vont continuer à être en danger !

Une pénurie récurrente et aucune solution

Aujourd’hui, l’Androtardyl n’est commercialisé que par un seul laboratoire en France et ne dispose d’aucun générique. Après deux pénuries successives en 2018, une nouvelle pénurie en ce début d’année 2019 a duré plus de deux mois et a eu des conséquences importantes :

La suspension du traitement met les personnes transmasculines en grand danger. En effet, pour les personnes ayant eu une hystérectomie totale, qui ne produisent donc plus d’hormones sexuelles – notamment la testostérone, il est vital d’avoir un apport hormonal.

Pour les autres, l’arrêt prolongé du traitement conduit à de graves perturbations, notamment chez les personnes malades et/ou handicapées.

Aussi ces pénuries mettent en danger les personnes intersexes, qu’elles soient trans ou cis.

Ajoutons l’impact psychologique que cela entraîne chez les personnes pour qui le traitement hormonal dans le cadre d’une transition médicale est un besoin vital ! L’absence de ces traitements aggrave indéniablement le risque de dépression et de recrudescence des suicides, chez une population dont le taux de suicide est déjà 4 fois supérieur au reste de la population.

Les autres modes d’administration de la testostérone, proposés aux personnes allergiques à l’Androtardyl, ou en impossibilité de subir une injection, sont produits en trop faibles quantités, non remboursés par la CPAM et commercialisés à des prix prohibitifs (entre 50 et 100€ par mois).

Rappelons qu’il y a aussi des ruptures de stocks fréquentes concernant les hormones proposées aux personnes transféminines comme l’oestrodose, l’estreva ou le dolidose. Bien sûr il existe plusieurs traitements différents, mais en cas de pénurie, il n’y a aucune solution pérenne sans risque lié au changement des dosages ou des modes d’administration, sans parler des risques de discrimination dans les pharmacies lié aux ordonnances « hors AMM »

Quand les pharmacies deviennent des territoires d’exclusion

Non seulement cette pénurie met les personnes trans dans un état d’alerte vitale mais en plus, les expose à des discriminations, car l’accès aux stocks restants leur est refusé !

Une recommandation de la Société française d’endocrinologie (SFE) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) préconise en cas de pénurie de réserver leurs stocks aux »  patients ayant un réel déficit en testostérone, c’est à dire avec un hypogonadisme sévère » : En plus de l’expression normative et pathologisante de cette recommandation, de facto cela conduit à l’exclusion des personnes transmasculines dont le numéro de sécurité sociale commence par un 2 ( quelle que soit leur situation vis-à-vis des hormones) après vérification de la carte vitale :  transphobie systémique, bien loin du principe d’égalité, qui renforce le danger subi par toute une population déjà précarisée, victime au quotidien de discriminations, de violences administratives et/ou médicales.

Il est impératif aujourd’hui de mettre fin à ces crises, que chaque personne reçoive correctement le traitement qui lui est adapté et prescrit par son médecin, et que cessent immédiatement les discriminations !

Nous en appelons à l’action urgente du Ministère de la Santé et à la Direction Générale de la Santé ! Un produit générique doit être créé afin de le rendre plus accessible et éviter les pénuries. Il faut impérativement que les autres modes d’administration de la testostérone soient également remboursés. L’AMM de l’Androtardyl doit absolument être étendue aux personnes transmasculines et il faut éviter de laisser les pharmacies décider qui peut ou non avoir accès aux médicaments.

Nous appelons également à l’Ordre des Pharmaciens afin que cesse et soit sanctionnée toute discrimination envers les personnes trans.

Argumentaire à lire

Télécharger le communiqué

Liste des associations cosignataires : Acthé, Au-delà Du Genre, Bi’Cause, Pari-T, En Trans, Handi-Queer, Le Jardin des T, Red Trans Latina Europea, Trans 3.0, TransMission, Acceptess-T.