IDABLHOTI 2018 : des avancées pour combien de reculées ?

La Journée internationale de lutte contre les LGBTphobies a lieu tous les 17 mai. Elle commémore la démédicalisation de l’homosexualité par l’OMS en 1990. Alors que la situation s’aggrave dans certaines régions du monde, l’Europe se mure dans le déni et durcit toujours plus sa politique migratoire.

Aujourd’hui 73 pays pénalisent toujours l’homosexualité, dont 13 de la peine de mort. La France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou la Belgique ont une lourde responsabilité dans cette pénalisation. En effet, avant la colonisation, les lois punitives n’existaient pas dans les pays des Suds, contrairement à la rhétorique habituelle de nombreux responsables politiques, cette colonisation n’y a pas importé l’homosexualité mais bien l’homophobie légalisée.

Mi-avril, Theresa May présenta officiellement ses excuses aux ONGs représentantes des pays du Commonwealth pour l’arsenal répressif mis en place par la colonisation britannique. Le Président Macron avait su faire preuve de courage politique face au passé colonial français lors de sa visite en Algérie. Le même courage accompagné d’excuses face au passé colonial homophobe de la France se fait toujours attendre.

Une violation des droits humains en toute impunité

Le contexte reste aujourd’hui très mitigé. Alors que tous les ans la liste des pays ayant dépénalisé l’homosexualité s’allonge (Trinidad-et-Tobago, une île des Caraïbes au Nord du Venezuela, encore en avril dernier), la situation se durcit cependant de manière inquiétante dans certaines zones « chaudes du globe ». Dans le Caucase en Tchétchénie et en Azerbaïdjan de véritables purges visent les LGBTQI+, notamment les hommes gays et femmes trans, victimes d’arrestations arbitraires, de tortures, voire d’exécutions extrajudiciaires. Les militant-e-s de ces pays restent mobilisé-e-s mais peinent à se faire entendre dans des régions où les violations des droits humains sont légion dans l’impunité la plus générale. Mardi et mercredi derniers à l’ONU à Genève, la communauté internationale s’en est inquiétée mais des actions concrètes des gouvernements incriminés se font toujours attendre… En Indonésie une véritable chape de plomb s’abat depuis plusieurs mois sur l’ensemble de la société civile. En Iran le retour en force des plus conservateurs fait craindre le pire pour les minorités sexuelles et de genre. Les exemples sont hélas nombreux…

L’Europe, terre d’asile ?

Côté Européen, exception faite de l’extrême Est et du Caucase, la situation s’améliore lentement. L’Europe reste le continent au monde à comptabiliser le plus grand nombre de pays assurant des protections à leurs citoyen-ne-s, de la lutte contre les discriminations au travail au mariage pour tous selon les pays. La France est classée en 4eposition européenne avec un score de 73% d’achèvement des législations favorable. Le podium des pays les plus protecteurs est composé de Malte (1er, 91%), de la Belgique (2ème, 79%) et de la Norvège (3ème, 78%). Le podium de clôture de la Turquie (9%), l’Arménie (7%) et l’Azerbaïdjan (5%).

Cette situation ne peut que nous inquiéter, particulièrement dans le contexte actuel de l’adoption en cours de la loi « Asile et Immigration » par le parlement français. Cette loi qui durcit singulièrement les conditions d’accueil et de rétention des migrant-e-s ne peut que nous alarmer. Quel sort sera réservé aux migrant-e-s LGBTQI+, et autres, fuyant la guerre et les discriminations ?

Nous appelons l’ensemble de nos lecteur-rice-s à se mobiliser contre les LGBTQphobies aujourd’hui comme tout au long de l’année et à ouvrir leurs bras à celles et ceux victimes de ségrégations.

 

Baromètres :
Source : www.rainbow-europe.org


Source : www.ilga.org