Loi bioéthique : Pas de PMA, à quoi sert le Sénat ?

L’Inter-LGBT s’indigne du vote du Sénat contre l’ouverture de la PMA lors du nouvel examen de la loi bioéthique et s’interroge sur ce que cela révèle de cette institution.

Après avoir voté contre le remboursement de la PMA en première lecture, lors de la deuxième lecture les sénateur·rice·s ont successivement voté contre l’ouverture aux femmes célibataires, puis tout simplement contre tout l’article 1 et contre l’autoconservation des ovocytes, se prononçant ainsi contre toute évolution des conditions actuelles d’accès à la PMA, même pour les couples de femmes.

Si ce vote ne présage en rien du texte de loi à venir, puisqu’en cas d’échec plus que probable de la commission paritaire à venir, l’Assemblée Nationale aura le dernier mot, il est révélateur d’une vision patriarcale et paternaliste de plus en plus en décalage avec la réalité de la société française qui soutient très largement cette mesure.

Incapables de faire confiance aux femmes pour décider de leur avenir et de leur capacité à fonder une famille, incapables de concevoir que des enfants puissent s’épanouir dans une famille homoparentale, les sénateur·rice·s, dont le groupe le plus important est celui des Républicains, ont réduit la mesure phare du texte de loi bioéthique à un squelette avant de voter contre, les groupes de gauche choisissant de s’abstenir.

C’est un bien mauvais spectacle qui se joue sur le dos et la santé des femmes qui attendent le vote de cette loi pour pouvoir fonder famille sans avoir à aller à l’étranger faire leur PMA, dans un contexte de crise sanitaire qui complique énormément les déplacements à l’étranger. Encore une fois, l’Inter-LGBT s’interroge sur le choix de ne pas utiliser la procédure accélérée ; contrairement à la plupart des propositions de loi actuellement en discussion, qui nous laisse le goût amer d’être considéré-e-s comme des citoyennes et des citoyens de seconde zone.

Au-delà de ce texte, cela fait maintes fois cette année que le Sénat s’oppose à des mesures progressistes pour les droits des femmes, après le rejet de la proposition de loi visant à renforcer le droit à l’avortement, la non-inscription à l’ordre du jour de la proposition de loi supprimant la prise en compte des revenus du conjoint pour le calcul de l’AAH… Voilà qui interroge sur la composition de la « Haute Assemblée », élue au suffrage indirect avec une moyenne d’âge de 60 ans et à peine un tiers de femmes, qui semble de moins en moins représentative de la diversité de nos concitoyennes et concitoyens. Cela interroge aussi sur son rôle alors qu’elle privilégie une posture partisane au travail de fond sur les textes.