17 MAI : FACE AU RECUL DE NOS DROITS PARTOUT DANS LE MONDE, RESTONS MOBILISÉ·E·S !

À l’occasion du 17 mai, journée internationale de lutte contre les LGBTIphobies, ILGA Europe publie la mise à jour de sa “Carte Arc-en-Ciel” ainsi que du classement des pays de l’Europe et de l’Asie Centrale au regard de leurs législations respectives vis-à-vis de la protection des droits des personnes LGBTQI+ .

Cette année, la France passe de la 13ème à la 7ème place, suite notamment à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules et à la loi interdisant les “thérapies” dites de conversion.

A cette occasion, l’Inter-LGBT salue et remercie les acteur·rice·s de la société civile et les associations qui ont fait un travail de terrain de conviction et de communication considérable pour permettre ces avancées législatives.

Cependant ces avancées sont loin d’être suffisantes : il faut rappeler que contrairement au plaidoyer des organisations de la société civile, les personnes trans demeurent exclues de la PMA, et que les mutilations sur les bébés et enfants intersexes ne sont toujours pas interdites en France.

Par ailleurs, en France, comme chez nos voisins européens, les rhétoriques anti-trans et anti-genre deviennent de plus en plus audibles dans l’espace public, éducatif et médiatique, y compris au sein de nos communautés. En effet, depuis plusieurs mois, des ministres, des candidat·e·s aux élections nationales s’attaquent, avec une forte couverture médiatique, à ladite idéologie wokiste, au « lobby LGBT ». Ainsi, la présidente du Conseil Supérieur des Programmes regrettait en janvier dernier, au Sénat, que trop de place soit faite au « débat d’opinion », et notamment « la liberté de mœurs et sexuelle, les droits des personnes homosexuelles, transgenres, les migrant·e·s, leurs droits ». Il va sans dire que cela a un impact sur la santé mentale des personnes concernées. Aussi, l’Inter-LGBT constate l’impact concret de ces positionnements : certain·e·s responsables d’établissements scolaires déprogramment des interventions au collège ou au lycée, par peur de représailles de la hiérarchie.

Durant la même période, l’Europe a vu la montée d’idées populistes et l’accroissement des politiques ouvertement LGBTphobes, comme en Pologne (création de zones dites “sans LGBT”, projets de lois et discours publics LGBTphobes, …) et en Hongrie (lois “anti-propagande” LGBT, censures, frein au travail des associations de terrain, …).

L’Inter-LGBT regrette notamment que la France, présidente du Conseil de l’Union Européenne jusqu’en juin 2022, ne se soit pas saisie de ce moment unique pour asseoir fermement et sans équivoque la défense des droits fondamentaux LGBTQI+ en France et en Europe, comme l’Allemagne ou encore la Finlande avaient su le faire quand ces dernières assuraient à leur tour la présidence tournante du Conseil. Les élections nationales et la guerre en Ukraine ne sauraient, à elles seules, justifier le manque d’ambition d’une présidence française de conseil de l’Union Européenne (PFUE 22) planifiée de longue date.

Plus que jamais, la France doit se montrer motrice au sein de l’Union Européenne, et plus largement en Europe, sur la protection des minorités de genre et/ou sexuelles, qui, comme le montre la carte Arc-en-Ciel d’Ilga-Europe, font les frais de politiques populistes et nationalistes.


Ce constat est d’autant plus vrai que la guerre que mène depuis plusieurs mois le Kremlin contre le peuple ukrainien a eu pour effet d’accentuer encore plus la précarisation des personnes LGBTQI+, notamment des femmes, premières victimes de la guerre. De plus, certains groupes, par exemple les personnes trans, se voient empêchées de quitter le territoire du fait de l’absence de changement de la mention de genre par l’état civil ukrainien. Aussi, les PVVIH (Personnes Vivant avec le VIH) n’ont plus, dans au moins les 2/3 de l’Ukraine, d’accès à leur traitement, sont également en danger.

Nous rappelons ici aussi que la société russe elle-même (associations, médias indépendants, enseignant·e·s, personnalités de l’opposition, …) est également très fortement impactée par cette crise. L’étau du pouvoir russe sur la société civile n’a jamais été aussi fort depuis les années 1990 et toutes les voix dissidentes du discours officiel du régime sont réduites au silence.

Ce recul de nos droits et la montée des politiques ouvertement LGBTIphobes ne s’arrêtent pas au continent européen.

Ces derniers jours, aux États-Unis, la Floride a fait voter une loi dite du « don’t say gay » («ne dites pas «Gay») interdisant d’aborder dans l’enseignement l’histoire de nos communautés ou d’étudier les questions LGBTQI+. Plusieurs autres États tels que l’Alabama, l’Ohio, la Louisiane ou le Texas envisagent également de voter des lois similaires.

Encore plus récemment, la Cour suprême des États-Unis s’est penchée sur l’annulation de la jurisprudence Roe vs. Wade assurant le libre droit à l’avortement sur l’ensemble du territoire fédéral des États-Unis d’Amérique. En cas de revirement, beaucoup de femmes et de personnes en capacité de procréer ne pourraient plus avoir accès à une procédure d’avortement et devraient voyager, voire passer par des voies clandestines et dangereuses en matière de santé et de sécurité. Comme nous le scandions, il y a quelques années encore (notamment pour le 40e anniversaire de la Loi Veil) : « IVG, PMA, même combat ».

L’Inter-LGBT réaffirme là encore tout son soutien aux associations locales œuvrant pour éviter un recul si important des droits et veillera à ce que la remise en cause de la liberté de choix et de disposer de son corps ne se fasse pas en France.

Enfin, l’Inter-LGBT déplore encore aujourd’hui que dans 69 pays, l’homosexualité et la transidentité soient encore un crime, dont 6 condamnant à la peine de mort (L’Arabie Saoudite, le Brunei, l’Iran, la Mauritanie, le Nigéria et le Yémen) et 4 (l’Afghanistan, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Pakistan et la Somalie) ayant recours à la peine de mort sans que cela soit expressément inscrit dans la loi selon le rapport 2020 d’Ilga-World.

En France, la campagne électorale et l’élection présidentielle de 2022 ont mis en lumière la montée de l’extrême-droite, mais surtout la montée de discours LGBTIphobes décomplexés par des personnalités de tout bord et de toute couleur politique, tant dans l’espace public que médiatique, nous laissant inquiet· es pour la protection de nos droits et leur future progression effective.

L’Inter-LGBT demeure plus que vigilante lors de la campagne des élections législatives et communiquera largement sur ses revendications à travers la plateforme #Agirpour . Nous serons intransigeant·e·s face à la haine LGBTIphobe des discours publics et dans la sphère publique.