Droits des LGBT à l’international, l’Inter-LGBT interroge la France

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 10 OCTOBRE 2013

Rencontre des associations LGBT nationales sur les enjeux internationaux

Ces 11, 12 et 13 octobre prochains, l’Inter LGBT accueillera à Paris la rencontre annuelle du réseau « Amsterdam ». Depuis quatre ans, ce réseau réunit des organisations LGBT nationales agissant auprès de leur gouvernement pour que la lutte contre les discriminations et le respect des droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et trans soient adéquatement inclus dans l’ensemble des volets de la politique étrangère de leur pays.

A l’occasion de ce rendez-vous militant important, l’Inter-LGBT interpelle le gouvernement français sur sa politique internationale sur le champ LGBT. En prenant ses fonctions, Laurent Fabius avait indiqué que les droits LGBT seraient, avec la lutte contre la peine de mort, l’une de ses deux priorités en matière de droits humains. Il faut maintenant que cette priorité se traduise clairement dans l’action de la France dans le monde.

Quelle vision et cohérence de la politique française en matière de droits LGBT à l’international ?

Au niveau multilatéral, nous savons la France mobilisée au sein des instances des Nations Unies. Nous regrettons cependant le manque de cohérence des initiatives prises et la consultation encore insuffisante de la société civile.

Si nous nous étions félicités de la création du Fonds multilatéral de soutien LGBTI en 2009, nous regrettons que l’engagement de la France pour soutenir les sociétés civiles LGBT de ces pays dans lesquels les besoins sont immenses reste largement insuffisant.

Par ailleurs, alors que la France est le deuxième contributeur mondial au Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, nous regrettons le silence de nos autorités concernant le fait que les discriminations vécues par les personnes LGBT nourrissent de façon disproportionnée leur vulnérabilité au VIH/sida, ce qui en fait aujourd’hui la seule population au sein de laquelle l’épidémie continue de progresser au niveau mondial.

Au niveau bilatéral, l’action de la diplomatie française sur les enjeux LGBT est encore trop variable d’un pays à l’autre et fait en ce moment même défaut vis-à-vis de pays comme la Russie, le Qatar et le Cameroun, mais aussi la Lituanie, l’Ukraine et la Hongrie.

Enfin, si la diversité des initiatives et des ministères en charge de la question démontre un réel intérêt du gouvernement sur le sujet, la coordination de ces initiatives manque à la fois de régularité et de transparence. Nous interrogeons donc le gouvernement : Quel est le ministère en charge du pilotage de la stratégie internationale de la France en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre ?

L’Inter-LGBT demande à rencontrer le ministre des Affaires Etrangères, M. Laurent Fabius :

L’Inter-LGBT se veut être un partenaire critique et constructif du gouvernement sur cette stratégie. A cet effet, il y a un an, à la demande du gouvernement et à l’occasion du Programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, l’Inter-LGBT avait transmis au gouvernement une contribution importante suggérant des pistes de travail en terme de politique internationale.

Un an après, nous sollicitons un rendez-vous avec le Ministère des Affaires étrangères dans le but de faire un point d’étape de cette stratégie.

La réunion du réseau « Amsterdam » à Paris doit être l’occasion pour la France de remettre clairement les questions LGBT sur son agenda diplomatique.

Le 5 décembre prochain, une rencontre intergouvernementale aura lieu à Berlin ; elle visera notamment à faire le point sur comment la lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou identité de genre est prise en compte dans les politiques publiques d’aide au développement. L’Inter-LGBT espère que ce sera l’occasion pour la France de réaffirmer son engagement en faveur du respect des droits des personnes LGBT et de clarifier sa stratégie en la matière.

Mathieu Nocent et Nathalie Mestre, porte-parole de l’Inter-LGBT