ILGA ASIE : déclaration commune pour l’Afganistan

Nous appelons à la protection des droits humains des femmes, des enfants, des personnes LGBTIQ et des autres personnes vulnérables en Afghanistan.

Texte d’appel publié le 18 août 2021 par ILGA ASIE : https://www.ilgaasia.org/news/2021/8/18/joint-statement-on-afghanistan

Nous, organisations et individus soussignés œuvrant à la promotion des droits humains des personnes d’orientation sexuelle, d’identité et d’expression de genre et de caractéristiques sexuelles diverses (« OSIEGCS ») appelons à la protection des personnes LGBTQI et autres personnes vulnérables en Afghanistan.

Depuis le 15 août, la prise de contrôle du palais présidentiel de Kaboul par les talibans et l’effondrement brutal du gouvernement de la République islamique d’Afghanistan suscitent des inquiétudes quant aux droits humains et à la sécurité des groupes marginalisés dans le pays. Outre les personnes LGBTQI et les personnes de diverses OSIEGCS, des femmes, des minorités religieuses poursuivies, des journalistes et des défenseur·se·s des droits humains sont menacé·e·s, et beaucoup se cachent par peur.

Nous sommes préoccupé·e·s par les informations selon lesquelles les Talibans appliquent déjà leur version stricte de la Charia, et il a été rapporté que des millions de femmes et de filles craignent de participer à la vie publique et seront interdites d’aller à l’école ou à l’université. Nous sommes attristé·e·s de voir les décennies de progrès accomplis par les groupes de femmes être potentiellement inversés de manière soudaine et désastreuse.

Nous craignons également que les personnes LGBTQI ne soient davantage criminalisées et poursuivies, car les autorités des Talibans ont récemment déclaré que les condamnations à mort seraient rétablies pour les hommes homosexuels. Les Afghan·e·s LGBTQI vivent déjà dans la peur de la violence et des meurtres depuis plusieurs années, et nous craignons que cette situation ne s’aggrave encore.

Dans le dernier rapport d’ILGA Monde sur l’homophobie d’État (2020), l’Afghanistan figure parmi les pays pour lesquels il n’y a pas de certitude juridique absolue que la peine de mort est la peine établie pour les actes sexuels consentis entre personnes du même sexe. Le même rapport met également à jour des dispositions incriminantes explicites de « comportement homosexuel » en vertu de l’article 646 du Code pénal Afghan de 2017 et de son application ces dernières années.

Alors que les Talibans ont annoncé une « amnistie générale » en Afghanistan et ont appelé les femmes à rejoindre leur gouvernement « conformément à la Charia », il est impératif que peu importe toute forme de gouvernance qui ait lieu, elle doive autonomiser les femmes et les minorités et soit basée sur les droits humains et les pratiques fondées sur des données sérieuses. Si les Talibans veulent inclure les femmes, ils doivent d’abord cesser d’empêcher les femmes d’accéder à la vie publique et à l’éducation et ne pas perpétuer de préjugés contre les femmes et les minorités.

La crise en Afghanistan est complexe et difficile, mais nous rappelons à la communauté internationale qu’elle a l’obligation morale de veiller à ce que la crise politique soit dissipée via une solution qui donne la priorité à l’autodétermination du peuple Afghan tout en protégeant les personnes vulnérables des préjugés et de la violence.

Nous demandons ce qui suit :

– (1) Nous exhortons les Talibans à respecter les droits de tous les peuples accordés par la Constitution de l’Afghanistan, les pactes internationaux ratifiés par l’Afghanistan, la Déclaration universelle des droits humains et les normes internationales des droits humains, quel que soit leur statut de leur OSIEGCS.

– (2) Nous exigeons que tout effort pour apaiser cette crise politique soit fait avec la consultation des personnes vulnérables en Afghanistan, y compris les personnes LGBTQI et les femmes. Leurs droits humains ne doivent pas être compromis pour un accord de paix politique ;

– (3) Nous appelons la communauté internationale à faire pression pour un cessez-le-feu et à fournir d’urgence une aide humanitaire et une protection à tous les Afghan·e·s ;

– (4) Nous exhortons les pays à ouvrir leurs frontières et à accepter les réfugiés et les demandeurs d’asile d’Afghanistan. Nous saluons l’engagement du Canada à accepter 20 000 Afghan·e·s  vulnérables et à donner la priorité aux personnes LGBTQI, aux femmes cheffes et à d’autres groupes, et nous nous tournons vers d’autres pays pour emboîter le pas ;

– (5) Nous appelons chacun à travailler ensemble pour apporter un soutien à sa manière. Nous appelons les individus et les groupes à faire des dons, les donateurs à mettre à disposition des fonds d’urgence et les organisations à aider à coordonner la collecte et la distribution des fonds, notant le manque d’organisations LGBTQI en Afghanistan.